Julie Verhague

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Texte de Marie Robert (philosophy is sexy) - Qu’est-ce que l’on trouve beau ?

Ajouté le 30 janv. 2023

Qu’est-ce que l’on trouve beau ? Très beau ? Absolument beau ? Où se cache la beauté ?

Dans le timbre d’une voix. Dans l’énigme d’un nez. Dans un trait de lumière sur un rideau. Dans la majesté d’un adverbe. Dans une pâte en train de cuire dans le four. Dans la tendresse d’un geste. Dans une élégance qui suggère. Dans la douceur d’une matière. Dans une relation, qui nous sauve du déluge. Où peut-être dans un savoir-faire à l’exquise minutie. 

Le beau n’est pas un caprice, c’est une aventure qui nous engage. Au sens large, c’est ce qui nous plaît, ce que l’on trouve admirable. Facile n’est-ce pas ? La beauté pourrait donc être simplement entendue comme l’alchimie de la rencontre entre un sujet et un objet. Son antonyme le plus évident est la laideur, et par extension, tout ce qui nous laisse indifférent. Car la beauté vient toujours ajouter « quelque chose ». Elle n’est pas juste un « agrément », elle une appréciation profonde, une apparition marquante qui vient chercher notre émotion. Mais justement, comment se fait-il que la vue de certaines choses nous touche à ce point ? D’où vient cette émotion ? De l’harmonie comme le pensent les Grecs ou du divin comme l’évoque Saint-Augustin ? Ou peut-être d’une expérience propre à chacun ainsi que le propose David Hume ? Et si, comme l’analyse Kant, le Beau provenait d’un jugement à part, d’un mélange de raison et de sensibilité, qui nous détache du besoin d’utilité ? A moins que tout cela ne soit, comme le dit Pierre Bourdieu, qu’une question d’éducation et de capital culturel ? Si des goûts et des couleurs on ne discute pas, il faut pourtant admettre qu’ils se construisent, s’éduquent, se norment, se conditionnent, se débattent. Plutôt que « Qu’est-ce qui fait la beauté ? », ne faut-il pas se demander ainsi que le propose Charles Pépin : « Que me fait la beauté ? ». Comment agit-elle sur moi ? Et comment éclaire-t-elle mon existence ?

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La couleur verte

Ajouté le 21 janv. 2023

extrait de l'article La couleur verte : le guide complet www.adobe.com

Le vert est une couleur fraîche, relaxante et agréable à l'œil. C'est la couleur de la nature. Le vert a un lien émotionnel fort avec la sécurité. Le vert foncé est aussi couramment associé à l'argent. C'est donc la couleur du printemps, quand tout prend vie. Le vert représente l'équilibre, la nature, l’écologie, le printemps et la renaissance. C'est le symbole de la prospérité, de la fraîcheur et du progrès. Plusieurs partis politiques écologiques se font appeler « les verts » à travers le monde. Le billet vert est aussi le terme utilisé pour désigner le dollar américain. Dans la culture japonaise, le vert est associé à la vie éternelle. Peut-être parce que le vert est si commun dans la nature, il est principalement associé à la croissance, à la vie, à l'énergie et à la fertilité. C'est la couleur la plus cicatrisante et apaisante pour l'œil, et il a été prouvé qu'elle améliore la vision, la stabilité et l'endurance des spectateurs humains.

Nous utilisons le vert dans la conception d'espaces destinés à favoriser la créativité et la productivité, et nous associons le vert au progrès, à l’élan. Lorsque le feu tricolore est au vert, on avance, on va de l’avant. En présence de vert, votre glande pituitaire est stimulée. Vos muscles sont plus détendus et votre taux d'histamine dans le sang augmente, ce qui entraîne une diminution des symptômes d'allergie et des vaisseaux sanguins dilatés, ce qui facilite les contractions musculaires. En bref, le vert est apaisant, anti-stress et, un peu paradoxalement, revigorant. Il a été démontré qu’il améliore la capacité de lecture et la créativité.

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📚 extrait de "La création met l'homme debout" de Brigitte Seneca

Ajouté le 14 déc. 2022

Si nous interrogeons le poète : « Quoi de neuf ? », il risque de répondre : « Tout ». L'enfant en lui est intact, éveillé, alerte, et voit chaque parcelle du monde pour la première fois. L’éblouissement - couleur si pure de l'enfance - n'est pas déraciné. L’usure ne peut jouer son rôle, ne peut ensevelir l’élan pour le créateur. Au contraire, son attente la plus vive est de se laisser surprendre par l’inattendu, « l’invu », le renouvelé, car c’est du sang neuf. Cela vient le redresser, le sortir des limbes, lui arracher une coulée de sève et lui offrir l’éclat de rire en même temps qu’un repos très provisoire. [...]

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📚 extrait de "Outrenoir" Françoise Jaunin - entretiens avec Pierre Soulages

Ajouté le 29 nov. 2022

Les mots amènent à la peinture mais restent sur le bord. Ils sont impuissants à en pénétrer les pouvoirs. Les mots sont des béquilles qui permettent de faire un petit bout de chemin. Dans un premier temps, ils peuvent servir à ouvrir les yeux enlisés dans les habitudes, montrer que l'on voit davantage avec ce que l'on a dans la tête que devant les yeux. Mais la plus grande partie du chemin reste hors de leur portée, puisque l'art, justement, est au-delà.

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Poeme de Christian Bobin - Autoportrait au radiateur

Ajouté le 16 nov. 2022

J’ai rendez-vous chaque matin avec la beauté du monde. La beauté du monde est assise en face de moi. La beauté du monde change de chaise chaque jour. La beauté du monde, à mon réveil, s’appuyait, rêveuse, sur le portail blanc d’une maison de l’autre côté de la rue.  Hier la beauté du monde était assise en tailleur sur les fleurs que je venais d’acheter, des roses d’un blanc crémeux. La beauté du monde est discrète, connaît la splendeur de l’humilité. La beauté du monde sait se rendre invisible et passer incognito sur les ailes de Mozart ou dans les cavalcades de Bach. La beauté du monde ne dédaigne pas non plus le jazz. La beauté du monde est belle de ne rien dédaigner. Tout lui est refuge, temple, scène.  La beauté du monde a posé ses mains de neige sur mes épaules. Elle m’a regardé droit dans les yeux, m’a dit : toi, tu devrais faire comme moi, longtemps dormir, longtemps mourir, une cure d’absence et de silence, regarde comme ça me va bien.

Et la beauté du monde s’est mise à danser sur le bureau – une danse maladroite, adorable. J’ai  souri.  Je me suis préparé une troisième tasse de café, les deux premières ne comptent pas, les deux premières ne comptent jamais.  La beauté du monde s’est assise au bord de la tasse, m’a dit : devine d’où vient ma fraîcheur. Je ne sais pas, lui ai-je répondu, écarte-toi un peu, je ne veux pas t’avaler avec mon café. La beauté du monde a éclaté de rire, a fait le tour de l’appartement, mis son nez dans mes carnets, ramassé un pull qui avait glissé d’un fauteuil, s’est penchée à la fenêtre, s’est retournée en criant : ma fraîcheur, tu sais, c’est parce que je désespère et  que j’espère dans le même temps, à chaque seconde, ça me va bien au teint, tu ne trouves pas ? Puis la beauté du monde est partie dans toutes les directions à la fois et je suis allé me préparer une quatrième tasse de café.

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📚 extrait de "une séance de peinture, entre cerveau, art et science" de Fabienne Verdier et Alain Berthoz

Ajouté le 13 nov. 2022

C’est parce que le geste du créateur est « une geste » au sens du Moyen Âge, c’est-à-dire une narration, une intention, une provocation, une interrogation, et non une « gesticulation ». Dans la relation entre art et science, le corps a été omniprésent dans les œuvres. Parfois pour décrire la beauté, la tendresse, l’érotisme, la cruauté, l’agilité et toutes les formes d’action ou de relation entre humains et animaux, entre le vivant et la matière ou la nature. Le corps du peintre a toujours été impliqué. Pour beaucoup, le tableau est une sculpture à plat que l’on façonne avec son corps. Mais depuis quelques années, l’accent a été mis, par certains artistes, sur le corps du peintre comme acteur de l’œuvre, en plus de la main qui peint. Le peintre devient pinceau. Sa pensée et ses émotions sont exprimées par des déambulations, des jaillissements de mouvement du corps. Le corps lui-même devient parfois œuvre dans des « installations » où il se présente nu ou affublé d’accessoires.

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📚 extrait de « Abécédaire de la Beauté » sous la direction de C. Zernik et J. Jaricot

Ajouté le 7 nov. 2022

E comme Émotion esthétique, texte de Dominique Peysson

A quoi reconnaissons-nous ce qui est beau, si ce n'est par l'émotion qu'il suscite en nous ? Ce qui nous affecte au plus profond, d’une manière singulière et énigmatique… Un désordre ivre, une perte de sang-froid, une ascension générale, comme le disait le poète Henri Michaux. Le beau nous saisit pour nous emporter ailleurs. Et pourtant il nous semble le reconnaitre, ou plutôt, l’avoir toujours connu. Il est l’évidence, que l’on découvrir au détour d’un chemin, provoquant - comme on provoque en duel – une relation intense et forte avec cette part du réel qui nous parle. Quelque chose est là, et sa charge de présence est sans dimension. Incommensurable. Peut-être même que plus nous sommes affectés par sa réalité, plus il nous parait venir des profondeurs insondables de nos origines, et de ce monde entier que nous avons à l’intérieur.

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📚 extrait de « l’art qui guérit » de Pierre Lemarquis

Ajouté le 5 nov. 2022

La beauté d’un paysage, d’un être humain ou d’une œuvre d’art prend possession de son spectateur, ouvert et sans défense […]. Les œuvres rencontrées se sont incarnées en vous, comme si elles cherchaient à s’éterniser dans votre cerveau, et l’ont sculpté à leur image, comme un écho. Vous êtes un peu devenu Michel-Ange, Dürer, Matisse, Charlotte, Niki de Saint Phalle entre autres. Véritables stimulateurs d’émotions, nos artistes vous ont entrainé dans des territoires inexplorés, ils vous ont aidé à vous connaitre et à mieux comprendre les autres et le monde qui vous entoure. Écouter une musique, admirer une peinture ou lire un livre aboutissent au même résultat : notre cerveau se comporte comme si la musique, un tableau ou les personnages d’un roman s’y étaient incrustés, c’est l’empathie esthétique, le ressenti de l’intérieur. Dans ce contexte, c’est paradoxalement la pensée qui devient matière, le verbe qui se fait chair et non le cerveau qui « fait de l’esprit » ! 

Nous ne percevons par les sens que l’apparence des choses. Leur essence même, leur intimité, nous échappent, sauf par l’empathie, qui nous permet d’entrer en résonance avec elles. Il ne s’agit pas d’un simple phénomène en miroir, mais d’une véritable modification de nos circuits neuronaux par la beauté, qui peut aboutir à des processus émergents, de nouvelles connexions cérébrales, une vision plus large du monde : le tout, c’est-à-dire l’œuvre, le spectateur et les liens tissés entre eux sont davantage que la somme des parties. Un effet thérapeutique est possible, parfois spectaculaire, une véritable renaissance d’Aristote, avant Freud, appelait « catharsis ». 

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📚 extrait de "la voie du créatif" de Guillaume Lamarre

Ajouté le 19 oct. 2022

Sans attention, point de créativité. La marque est un sous produit de l'innovation. Mais l'innovation, elle même, est un sous produit de l'empathie. Cette nécessité d'empathie place la notion d'insight au centre de la conception. L'insight, c'est la pépite d'or du créatif. Un concept protéiforme, difficile à saisir, qui revêt un sens différent pour chacun. Ainsi, il peut s'agir du thème sous-jacent de l’œuvre de l'écrivain, du peinture ou du compositeur. [...] C'est également le message essentiel de l’enquête du journaliste ou du documentariste. C'est un principe fondateur, l'armature de toute histoire. Au sens premier, un insight est une compréhension précise et profonde de quelqu'un, d'un comportement ou de quelque chose. Percevoir l'insight et le traduire de façon créative, c'est être en mesure de produire un objet qui reliera l'intime à l'universel, qui résonnera dans le cœur de chacun. 

Nous pouvons dire que la période que nous vivons actuellement est un temps qui demande énormement de courage. Un courage qui ne reclame ni arme ni affrontement physique, mais qui nécessite l'intrépidité du coeur, celle de la générosité et du don de soi. Suivre la voie du créatif, c'est embrasser le changement, à la facon d'un surfeur, c'est en accompagner la vague, sans chercher à jamais la dompter. C'est repousser, jour après jour, les frontières de ses zones de confort. Et c'est, enfin, accepter le moment présent comme étant le seul et unique moment dont nous faisons l'expérience.


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📚 extrait de « créez la vie qui vous ressemble » d’Anne-Marie Jobin

Ajouté le 17 oct. 2022

[…] l’énergie créatrice […] n’est pas limitée aux arts ni réservée aux artistes ou autres spécialistes de la création. Elle n’a pas de créneau, elle s’exprime dans tous les domaines, de toutes les façons. Bien sûr, elle peut être restreinte, bloquée ou déformée de mille et une manières, mais, à la base, tous les vivants possèdent de l’énergie créatrice. Ce n’est donc pas parce qu’on ne crée pas ou qu’on ne la sent pas qu’elle est absente. Elle est toujours présente au fond de soi, en abondance, mais, pour une raison ou pour une autre, on ne sait parfois plus comment y accéder.

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Créé avec Artmajeur